Plusieurs partis et blocs parlementaires irakiens se sont insurgés contre la conclusion le 23 décembre d’un contrat avec la société coréenne Daewoo pour la mise en œuvre du projet du port de Faw, au sud du pays, et la construction de la première phase d’un port de marchandises géant.
Cet accord a pris de court la classe politique irakienne, d’autant que le mois de novembre dernier, le ministre irakien des Transports, Nasser Al-Shibli avait noté que les autorités irakiennes et la société sud-coréenne étaient en désaccord concernant les profondeurs, les délais et les paiements. Faisant état de la présence d’entreprises chinoises disposées à prendre le relai avec des conditions plus avantageuses pour l’Irak.
D’autant qu’un accord précédent conclu en 2010 avec la même société sud-coréenne avait accusé des retards à plusieurs reprises, alors qu’elle avait perçu la belle somme de 69. 882 207, selon le site dwconstir.
Le 9 octobre, la société sud-coréenne a suspendu les travaux sur le projet du grand port d’Al-Faw après qu’un haut dirigeant de l’entreprise a été retrouvé mort dans l’enceinte de la société à Bassorah. Plus tard dans la semaine, le ministère irakien des transports annonçait que Daewoo E&C avait interrompu l’achèvement de la construction du port.
Le secrétaire général du mouvement Asaïb Ahl al-Haq, Qais al-Khazali, a réagi à la signature de cet accord a déclaré qu’il essaiera de toutes ses forces pour l’annuler.
Dans un message sur Twitter, il a écrit : « En nous adressant aux fonctionnaires corrompus qui ont signé un contrat avec la société sud-coréenne Daewoo, nous disons que le jour viendra où le peuple vous demandera des comptes pour ce grand délit que vous avez commis contre ses intérêts et ce pour assurer vos propres intérêts personnels. Nous ferons de notre mieux pour contrer ce grand crime contre l’Irak. »
Plus tôt, Adnan Feyhan, chef de la faction al-Sadiqun du Parlement irakien, avait déclaré que si le ministre des Transports signe le contrat pour le développement du port de Faw avec la société sud-coréenne Daewoo, il aura à subir officiellement un interrogatoire par le Parlement.
«Car signer un contrat avec cette société sud-coréenne retarde l’achèvement du projet portuaire de Faw », a-t-il objecté.
Le mercredi 23 décembre, le contrat d’une valeur de 2,65 milliards de dollars a été signé pour la mise en œuvre de la première phase de développement du port de Faw, à Bassorah. Principal port du pays, il est situé sur le Chatt-el-Arab, estuaire commun des fleuves Tigre et Euphrate, à 55 km en amont du golfe Persique et à 550 km de Bagdad.
Selon le gouvernement irakien qui espère franchir une étape majeure vers le développement économique avec l’inauguration du projet de reconstruction du port de Faw d’ici 2024, celui-ci, une fois terminé, devrait devenir l’un des dix plus grands ports du monde.
De nombreuses composantes irakiennes estiment que cette société est soumise aux diktats du gouvernement américain et de certains pays arabes du golfe Persique d’être responsables, en partie, de ce retard.
Ces derniers, à leur tête les Emirats arabes unis jouent un rôle important pour le suspendre ou entraver son achèvement, ainsi que celui d’un autre grand projet, « Al-Qanat al-Jafa». Un tunnel terrestre destiné à transporter des marchandises du golfe Persique vers la Turquie, la Jordanie, la Syrie et l’Europe. Les Emiratis appréhendent que la construction de ces deux projets n’affectent leurs ports et les bénéfices qu’ils engrangent.
Une autre entreprise chinoise était en compétition pour décrocher le projet de Faw. Les Irakiens qui s’opposent à la conclusion d’un contrat avec Daewoo disent que la Corée du Sud est soumise aux diktats du gouvernement américain et que sa proposition se base sur un budget du gouvernement irakien et un prêt de 2,65 milliards de dollars sur quatre ans. Sachant que la proposition chinoise était bien plus avantageuse pour l’Irak, avec un prêt de 2,16 milliards de dollars, non payé d’avance, mais dans un délai d’au moins 10 ans.
Le port de Grand Faw, est l’un des nombreux projets qui, espère l’Irak, créeront un corridor de transport plus court entre le Moyen-Orient et l’Europe, en contournant le canal de Suez.
Sources: Press Tv; Reuters; dwconsti.