Le Hezbollah détiendra désormais deux sites touristiques jihadiques jumeaux qui unissent les deux bouts du Liban, illustrant les jours de la résistance contre l’ennemi israélien.
Célébrant 40 années de sa fondation, « Les Quarante Printemps », il a déposé la pierre inaugurale de celui du camp de Janta, dans la Bekaa, à l’est du Liban, 12 années après l’édification de celui de Mlita, dans l’Iqlim al-Touffah au sud du Liban.
Khiam : Site touristique malgré-lui
A vrai dire, il s’agit du troisième site touristique du Hezbollah, le premier, n’étant autre que le camp de séquestration d’al-Khiam, également au sud, à quelques kilomètres de la Palestine occupée.
Il a été un site touristique malgré lui, à force était-il devenu une destination incontournable pour tous ceux qui étaient venus, au sud, après avoir regardé sur les télévisions ces jours glorieux de la libération de l’an 2000 .
Le camp al-Khiam a été le second camp de séquestration pendant l’occupation israélienne en 1982, après celui d’Ansar 1 et 2 et 3 où des dizaines de milliers de Libanais et de Palestinien avaient été emprisonnés.
Il était tenu par l’armée israélienne avec la couverture de leurs collaborateurs libanais de la milice de l’Armée du Liban du sud.
Cette prison avait été édifiée en 1985 sur une colline dans l’entourage de la localité al-Khiam, qui supervise d’un côté la Palestine occupée située à quelques kilomètres au sud et les hauteurs du Golan syrien occupé de l’autre. Il était formé de 5 bâtiments qui comptaient dans leur ensemble 67 cellules dont la plus grande ne dépassait pas les 2 m de longueur et 1,5 de large et une vingtaine de cellules individuelles carrées de 90 cm le côté.
Le camp a vu passer pendant ses 15 années quelques 3.000 détenus dont 400 femmes, des enfants de moins de 12 ans, et des vieux dépassant les 70 ans. 22 d’entre eux ont succombé sous la torture.
Pendant les trois jours de retrait israélien du sud du Liban en l’an 2000, les images de sa libération, le 23 mai, sont celles qui ont marqué le plus les téléspectateurs libanais et arabes qui suivaient cet évènement inédit, via la télévision al-Manar. Les habitants du sud l’avaient investi, quelques minutes après l‘évasion des miliciens de l’ALS et ont libéré les 142 détenus qui y étaient séquestrés. Avec des scènes de liesse inoubliables.
Tout le sud, un site touristique
En même temps c’est aussi tout le sud qui est devenu un site touristique: les positions militaires israéliennes et de l’ALS abandonnées, dont celle de la citadelle de Chqif connu en français par le château de Beaufort, où ont eu lieu les opérations les plus spectaculaires ; les lieux où sont tombés en martyrs les résistants libanais où des banderoles ou des stèles ont été érigées à leur mémoire. Comme celle dédiée plus tard au plus grand martyr de la résistance islamique Ahmad Qassir, dressée à proximité de l’endroit où avait été établi le quartier général du gouverneur israélien à Tyr, et qu’il avait réduit en miettes, au moyen d’une voiture piégée, 4 mois après l’invasion israélienne du Liban.
Curieusement, en 2006, le camp al-Khiam a été l’un des premiers sites que les Israéliens ont détruit pendant la guerre de 33 jours.
L’afflux populaire dont il avait fait l’objet et sa destruction vengeresse par les Israéliens semblent avoir suggéré l’idée à des responsables du Hezbollah d’édifier leur premier site touristique à part entière, conçu spécialement pour.
Mlita : le Message de la Terre au Ciel
Baptisée « Le site Mlita pour le tourisme jihadique », il est érigé sur la première ligne de front avec l’ennemi israélien.
Perché sur le sommet de la région de l’Iqlim al-Touffah, à plus de 1000 mètres au-dessus de la mer, cette région montagneuse, couverte de bois touffus était très difficile d’accès. Serait-ce la raison pour laquelle les occupants israéliens et leurs collaborateurs ont évité de l’occuper.
« C’était un honneur d’arriver ici. C’est une zone d’affrontement quasi-quotidienne. Quiconque servait ici, il lui était facile de travailler ailleurs. La région est montagneuse et montueuse. En hiver, il neigeait sur nous. Après le dégel, le gel dure plusieurs semaines», a expliqué un résistant.
Son compagnon a ajouté : « Il n’y avait aucun moyen d’accéder à cette zone telle qu’elle est aujourd’hui. Nous marchions sous la couverture des bois, portant nos bagages, nos armes et nos fournitures jusqu’à ce point ». Signalant que « sous chaque arbre, il y a un martyr ».
Surplombant la majeure partie du sud, jusqu’à al-Zahrani, Saida et Tyr, dont les positions israéliennes et de l’ALS les plus fortifiées, et ses vallées qui s’étendent jusqu’à la Palestine occupée, c’est à partir d’elle qu’une grande partie des opérations ont été menées.
Au cœur de la montagne avait été creusée une caverne de quelques 200 mètres, à partir de 1982 et pendant plus de trois ans, avec les mains de près d’un millier de résistants qui s’étaient alternés dans les travaux de creusement qui nécessitaient la plus grande discrétion, pour ne pas attirer l’attention des ennemis.
Le tout a été ouvert au grand public en 2010, sur une superficie de 60 mille m2 : caverne, jardins, bois, allées, grande cour, salles multimédias, musée…
Parmi ses arbustes, différents missiles et roquettes de la résistance y sont exposés, des Katiouchas, Raad, Fajr et des Grad ainsi que des drones, et d’autres équipements militaires dont les antis blindés : des missiles TOW, Fagot, et des RPG sans oublier les très célèbres Kornet qui ont été très efficaces pendant la guerre 2006 contre les chars mirkavas israéliens, le fleuron de l’industrie militaire israélienne.
On peut y voir aussi des butins de guerre israéliens, dont des chars renversés et d’autres véhicules blindés défoncés. Ils sont surtout exposés au milieu du site où a été édifié « Le gouffre », un grand trou en forme de l’étoile hexagonale d’Israël.
Un téléférique y est aussi installé reliant le sommet de Mlita à celui de Sojod, où avait été établie l’une des positions israéliennes qui a été l’une des cibles favorites des résistants.
Des milliers de libanais et d’étrangers visitent Mlita chaque année. Dont d’innombrables militants pro résistance de par le monde.
Le slogan qui lui a été accordée est très symbolique : « Mlita, le message de la Terre au Ciel ».
Janta: L’hymne de la lutte et l’essence du sang
Pour le second site touristique officiel du Hezbollah, c’est le slogan « L’hymne de la lutte et l’essence du sang » qui a été choisi.
Il sera quant-à-lui édifié sur le camp de Janta, « le premier camp d’entrainement des résistants libanais », comme l’a expliqué le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah, dans son discours du vendredi 19 août, lors de la déposition de sa pierre inaugurale.
Situé près du village du même nom, dans la le caza de Baalbek, non loin de la Syrie, des centaines de gardiens de la révolution islamique iraniens y avaient été dépêchés depuis les fronts de la guerre contre l’Irak de Saddam Hussein. Sur l’ordre de l’Imam Khomeiny. Tous les résistants y sont passés, de toutes les régions, toutes tendances confondues. Des milliers. Avant de se rendre au sud. Il a été la base arrière de la résistance.
En novembre 1983, il a fait l’objet de raids israéliens meurtriers au cours desquels il y a eu 16 martyrs dont 3 iraniens et des blessés. D’autres raids aussi meurtriers ont été perpétrés en 1992 puis en 1997. En riposte à ce dernier, la résistance a bombardé les colonies israéliennes depuis le sud du Liban.
Cette région qui se distingue par une nature montagneuse plutôt aride, très montueuse et rocheuse, et dont les frontières et les montagnes s’étendent jusqu’en Syrie du côté de Zabadani et de Sarghaya, a toujours été en complémentarité parfaite avec le sud du Liban. Sans jamais se faire remarquer. Pour rendre hommage à sa solidarité pudique, d’aucuns ont écrit: « Janta, la terre de notre alphabet, depuis les premiers tirs »
Dans quelques mois, Janta rejoindra Mlita. Unies par leur lutte acharnée pour l’amour de la terre, au prix du sang de leurs fils, elles cristalliseront en jumelles le message de la résistance, à un nouveau moment crucial de la confrontation avec ‘Israël’, où les richesses d’hydrocarbures maritimes sont en jeu: La lutte continue. Par tous les moyens.
Une vidéo a été réalisée par Média de guerre du Hezbollah en cette occasion. Elle est intitulée : « L’histoire du premier tir ».
(Images exclusives d’al-Manar)
Source: Divers