Les ministres iranien et saoudien des Affaires étrangères se sont rencontrés, ce jeudi 5 avril, à Pékin pour mettre en oeuvre la normalisation des relations entre les deux puissances du Moyen-Orient après des années de forte tension, selon Téhéran.
L’Iranien Hossein Amir-Abdollahian et le Saoudien Fayçal ben Farhane Al Saoud « ont négocié et échangé des opinions en mettant l’accent sur la reprise officielle des relations bilatérales et les mesures à prendre en vue de la réouverture des ambassades et des consulats des deux pays », a indiqué le ministère iranien des Affaires étrangères.
Les deux ministres « ont également discuté de questions bilatérales », a-t-il ajouté.
فيديو | موفد #الإخبارية إلى بكين عبد الله الرويس: لقاء يجمع وزير الخارجية الأمير فيصل بن فرحان ووزير الخارجية الإيراني حسين أمير عبد اللهيان pic.twitter.com/rz80Vz7VAB
— قناة الإخبارية (@alekhbariyatv) April 6, 2023
Le rapprochement entre l’Iran et l’Arabie saoudite va aider à promouvoir « la sécurité, la stabilité et la prospérité » au Moyen-Orient, ont affirmé les chefs de la diplomatie des deux pays à l’issue de leur rencontre à Pékin.
« Les deux parties ont convenu de développer leur coopération dans tous les secteurs, afin d’assurer la sécurité et la stabilité de la région », ont en outre assuré les deux ministres dans un communiqué commun.
L’Arabie saoudite et l’Iran avaient rompu leurs liens début 2016 après l’attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants en Iran à la suite de l’exécution par Ryad d’un célèbre religieux opposant.
Toutefois, les deux pays ont surpris le monde en annonçant le 10 mars vouloir rétablir leurs relations diplomatiques dans les deux mois à l’issue de pourparlers menés secrètement en Chine.
Ce rapprochement devrait permettre à l’Iran et à l’Arabie saoudite de rouvrir leurs ambassades d’ici la mi-mai, et de mettre en oeuvre des accords de coopération économique et de sécurité signés il y a plus de 20 ans.
Il devrait être formellement célébré à l’occasion d’une visite du président iranien, Ebrahim Raïssi, à Ryad, à l’invitation du roi Salmane d’Arabie saoudite, un déplacement prévu après la fin du mois de Ramadan fin avril.
La conclusion de l’accord à Pékin marque l’engagement croissant de la Chine au Moyen-Orient, alors que le pays restait jusque-là perçu comme réticent à s’impliquer dans les dossiers épineux de la région.
L’Iran et l’Arabie saoudite ont ainsi remercié en mars la Chine « pour avoir accueilli et soutenu les discussions » entre eux.
Ils ont également salué le rôle de médiation joué par l’Irak et le sultanat d’Oman à partir du printemps 2021.
La Chine veut oeuvrer à la « stabilité » au Moyen-Orient
Entre-temps, la Chine a affirmé vouloir œuvrer à la « stabilité » au Moyen-Orient.
« La Chine travaillera avec les pays [de la région] pour mettre en oeuvre des initiatives […] afin de promouvoir la sécurité, la stabilité (et) le développement » au Moyen-Orient, a indiqué devant la presse une porte-parole de la diplomatie chinoise, Mao Ning.
Pour certains experts cités par l’AFP, cet accord pourrait représenter un changement de paradigme qui remettrait en question la domination traditionnelle au Moyen-Orient de Washington, ennemi juré de l’Iran.
Allié des Etats-Unis et autre adversaire de l’Iran, ‘Israël’ observe avec inquiétude ce rapprochement entre Ryad et Téhéran, qui pourrait affecter les accords de normalisation.
En parallèle des négociations avec Ryad, Téhéran cherche à renouer les liens avec les autres capitales qui avaient réduits leurs liens diplomatiques depuis 2016 pour soutenir l’Arabie saoudite.
Ces derniers mois, les Emirats et le Koweït ont ainsi repris leurs relations diplomatiques avec l’Iran. Le processus est engagé avec Bahreïn et l’Egypte pourrait suivre.
Mardi, Téhéran a nommé un ambassadeur à Abou Dhabi après près de huit années d’absence, alors que les Emirats avaient annoncé en août l’envoi d’un ambassadeur à Téhéran avec la volonté affichée de « renforcer les relations » avec l’Iran.