L’armée russe a reconnu mardi la mort de 71 de ses soldats dans les opérations destinées à repousser des attaques ukrainiennes sur tout le front ces trois derniers jours, et assuré que les Ukrainiens ont perdu 3700 de leurs effectifs.
« Au total, 71 militaires ont été tués et 210 ont été blessés » parmi les forces « engagées pour repousser l’attaque ennemie », a déclaré dans un communiqué le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, alors que Moscou fait rarement état des pertes dans les rangs de ses troupes. De même pour Kiev.
M. Choïgou a aussi fait état de 15 chars et neuf blindés endommagés, ainsi que deux voitures et neuf pièces d’artillerie.
Selon lui, l’Ukraine a lancé « une grande quantité d’équipements et de forces » sur différentes parties du front à partir de dimanche et a subi des pertes dans ces attaques.
« Les tentatives d’attaque ont été déjouées (…) l’ennemi n’a pas atteint ses objectifs, il a subi des pertes importantes », a-t-il ajouté.
La Russie avait déjà affirmé lundi 5 juin avoir contré des attaques ukrainiennes d’ampleur.
Pertes urkainiennes selon la Russie
L’Ukraine a de son côté revendiqué des gains territoriaux près de la ville dévastée de Bakhmout, l’épicentre des combats. Sans indiquer le chiffre de ses tués et pertes.
Selon le ministre russe de la Défense, ces trois derniers jours, les forces armées ukrainiennes ont perdu plus de 3.700 soldats, ainsi que 207 blindés, 134 autres véhicules, cinq avions, deux hélicoptères, 48 pièces d’artillerie et des drones. Les militaires russes ont également réussi à détruire huit chars Leopard de conception allemande et trois à roues, des AMX-10RC de conception française. Et ceci sans compter 136 équipements militaires, dont 79 de production étrangère, poursuit-il, selon l’agence russe Sputnik.
Selon le quotidien américain New York Times, dont les données recueillies à partir de responsables américains rendent compte du lancement de la contre-offensive ukrainienne, il n’est pas clair comment ces gains ont été réalisés.
Kiev a détruit le barrage de Kakhovka?
M. Choïgou a également accusé les forces ukrainiennes d’être responsables de la destruction du barrage hydroélectrique de Kakhovka, situé à 150 km de la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud de l’Ukraine. Cette centrale est occupée par les Russes mais supervisée par l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA)
Selon le ministre russe, ce « sabotage » » vise à « empêcher les actions offensives de l’armée russe sur cette partie du front », alors que Kiev serait selon lui en train de transférer des troupes depuis ce secteur pour renforcer son potentiel d’attaque ailleurs.
En décembre 2022, le général ukrainien Andriy Kovalchuk expliquait au Washington Post que le barrage de Kakhovka était une cible importante pour Kiev: «Les Ukrainiens ont même mené une frappe d’essai avec un lanceur HIMARS sur l’une des vannes du barrage». «Le test a été un succès», se réjouissait-il.
Le barrage hydroélectrique de Kakhovka (dans la nouvelle région russe de Kherson) est en partie détruit suite à un pilonnage, a annoncé le maire de la ville de Novaïa Kakhovka.
«A la suite de plusieurs frappes à 2h du matin, la partie supérieure du barrage où se trouvent les vannes a été démolie», a détaillé Vladimir Leontiev.
Le niveau de l’eau est monté à 5 mètres, les services d’urgence sont en intervention.Une vingtaine de localités ont été inondées et des milliers de personnes évacuées, selon l’AFP.
Le barrage de Kakhovka avait été régulièrement pilonné par Kiev cette année, et la Russie ait adressé une lettre au Conseil de sécurité de l’Onu demandant d’empêcher la destruction du site.
En mars, le maire de la ville a annoncé que la centrale avait été sérieusement endommagée, mais était maintenue en fonctionnement.
« Pas de danger nucléaire », selon l’AIEA
« Il n’y a pas de danger nucléaire immédiat », a affirmé sur Twitter l’AIEA dont les experts présents sur le site « surveillent de près la situation ».
Le niveau d’eau dans le réservoir de refroidissement de la centrale nucléaire de Zaporojié a sérieusement diminué suite à la destruction du barrage de Kakhovka, a déclaré le directeur général de l’AIEA.
Un manque d’eau continu pourrait perturber le fonctionnement des générateurs diesel d’urgence, selon Rafael Grossi. La centrale utilise l’eau du fleuve Dniepr pour refroidir le combustible des cœurs des réacteurs.
« Les réacteurs sont à l’arrêt »
Même diagnostic du côté de l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui écarte par ailleurs « tout risque d’inondation puisque le barrage est en aval, et non en amont », à 150 kms, a précisé à l’AFP la directrice générale adjointe Karine Herviou.
« La bonne nouvelle est que les réacteurs sont à l’arrêt depuis plusieurs mois. La puissance est donc plus faible », et les calories à évacuer moindres par rapport à un site en fonctionnement, ajoute Mme Herviou.
Cette centrale, la plus grande d’Europe, produisait auparavant 20% de l’électricité ukrainienne. Elle a continué à fonctionner les premiers mois de l’opération russe avant d’être stoppée en septembre. Depuis, aucun de ses six réacteurs ne génère de courant.
Alarmisme ukrainien
Seule l’Ukraine s’est montrée alarmiste. « Le monde se retrouve une fois de plus au bord d’une catastrophe nucléaire car la centrale a perdu sa source de refroidissement » et « ce danger augmente désormais rapidement », a déploré le conseiller à la présidence ukrainienne Mykhaïlo Podoliak, dans un message adressé à des journalistes.
Source: Divers