Le président turc Recep Tayyip Erdogan a martelé mardi qu’il n’y avait pas de place pour les « organisations terroristes » en Syrie sous ses nouveaux dirigeants islamistes, un avertissement visant les milices kurdes des Forces démocratiques syriennes, soutenues par les Etats-Unis.
Il n’y a pas de place pour « les organisations terroristes ou les éléments affiliés dans l’avenir de la nouvelle Syrie », a-t-il dit lors d’une réunion à Ankara avec le Premier ministre de la région kurde irakienne, Masrour Barzani, a indiqué le bureau du président turc dans un communiqué.
Erdogan a déclaré à M. Barzani que la Turquie s’efforçait d’empêcher que la chute de Bachar al-Assad en Syrie ne provoque une nouvelle instabilité dans la région.
Lundi le président turc avait mis en garde contre toute division de la Syrie et s’était dit prêt, en cas de « risque », à prendre « les mesures nécessaires ».
Un peu plus tôt, le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan avait assuré que « l’élimination » des combattants kurdes du PKK en Syrie était une « question de temps ». Il avait aussi évoqué « la possibilité que le PKK et les YPG rejoignent le nouveau gouvernement (syrien) en déposant les armes ».
L’armée turque lance régulièrement des frappes contre les combattants kurdes en Syrie et en Irak, les accusant d’avoir des liens avec le PKK, listé parmi les organisations terroristes.
La Turquie « tutelle du peuple syrien »
Le directeur de l’observatoire syrien des droits de l’homme Rami Abdel Rahmane a accusé la Turquie de se comporter comme si elle est « la tutelle du peuple syrien » et d’essayer « d’influencer le pouvoir en Syrie ».
Selon lui, la situation est instable à Ain al-Arab (Kobané) en raison des attaques turques incessantes et des combats entre factions proturques et factions kurdes.
101 combattants ont été tués le week-end dernier dans des affrontements aux alentours de la ville de Manbij, dans le nord de la Syrie, dont 85 parmi les membres des groupes syriens proturcs et 16 des FDS, avait indiqué dimanche cette ONG qui siège au Royaume Uni.
Selon l’AFP, le ministère turc de la Défense a de son côté affirmé dimanche sur X avoir « neutralisé » 32 combattants du « PKK/YPG » dans le nord de la Syrie.
3 religieux alaouites assassinés
Abdel Rahmane a en outre fait part que la communauté alaouite syrienne vit dans la peur des représailles, assurant qu’il a recensé 64 assassinats.
3 hauts dignitaires religieux de la communauté alaouite ont été tués ce mardi, lorsque des hommes armés ont ouvert le feu sur leur voiture sur la route menant de Tartous à Damas, a révélé son site, indiquant que les causes de ce crime sont inconnues.
Les trois religieux sont le chef de l’Initiative syrienne de réconciliation en Syrie, cheikh Jaber Issa ainsi que cheikh Haytham Maala et cheikh Mohamad Watfa. Et de rappeler que le 24 décembre dernier, des hommes armés avaient assassiné trois juges de cette communauté.
D’après le recensement de l’OSDH, 108 assassinats ont été commis depuis la chute de l’ancien pouvoir, ils ont causé la mort 187 personnes dont 8 femmes et 5 enfants.
« Les régions syriennes sont le théâtre de chaos, d’insécurité et de représailles en raison du vide sécuritaire », a déploré cette ONG basée au Royaume-Uni.
Selon l’AFP, en raison de climat d’insécurité, des habitants de Damas, d’Alep et de Homs montent la garde dans leurs quartiers, munis d’armes légères souvent fournies par les nouvelles autorités syriennes.
Des attaques de Daech contre les FDS
L’OSDH a en outre rendu compte de deux attaques perpétrées par Daech contre les FDS dans le gouvernorat de Deir Ezzor, à l’est de la Syrie. La plus récente a eu lieu ce mardi, lorsque deux hommes armés au volant d’une moto ont ouvert le feu sur un point militaire des FDS causant la mort de quatre d’entre eux. La précédente avait eu lieu, au cours de laquelle des éléments ont attaqué un autre point militaire au moyen d’obus RPG et de tirs de mitrailleuses. L’ONG n’a pas indiqué comment elle a pu indentifier que les hommes armés appartiennent à Daech.
Les cellules de Daech semblent ressuscitées depuis la chute de l’ancien régime syrien, sachant que les FDS les combattent depuis dix ans avec l’aide des Etats-Unis qui disposent d’une douzaine de bases et de deux mille militaires dans l’est et le nord syrien, pour cette mission encore inachevée.
Source: Divers