Les familles des captifs israéliens à Gaza ont manifesté une énième fois ce samedi réclamant un accord pour les libérer tous, après les deux vidéos diffusées par les Brigades al-Qods et les Brigades al-Qassam du Jihad islamique et du Hamas de deux captifs amaigris par la faim, subissant le même sort que celui des Palestiniens de la bande de Gaza.
« C’est de la propagande du Hamas »
Présente dans le rassemblement organisé sur la Place des otages à Tel Aviv, la mère du captif Matan Angrest dont le Hamas avait diffusé une vidéo le mois de mars dernier, a révélé pour la chaine Kan avoir contacté le coordinateur des affaires des otages et des disparus Gal Hersh pour lui faire part que son fils est devenu « peau et os », ce à quoi il lui a répondu que c’est de « la propagande du Hamas ».
Anat Angrest a ajouté lui avoir répondu : « La mission du Hamas est d’être une organisation terroriste, et il y parvient depuis deux ans. Vous échouez dans votre mission, qui est de sauver ceux qui ont été capturés pendant votre mandat. »
Le dirigeant du parti israélien Démocrates Yaïr Golan qui était présent lors du rassemblement a dit : « le temps presse. Les otages sont entre la vie et la mort. Le gouvernement fait obstacle à l’accord pour des raisons purement politiques. Nous devons tout faire pour les faire revenir tous sans tarder. »
« Ils doivent tous être ramenés »
Dans la classe politique, le chef de l’opposition Yair Lapid a invité « les membres du gouvernement à visionner la vidéo d’Evyatar avant de dormir et de tenter de dormir en pensant comment il pour se sauver du tunnel ».
L’ex-ministre chef du parti Israel Beiteinu Avigdor Lieberman a déclaré que « tous les prisonniers sont dans une situation tragique, et ils doivent tous être ramenés immédiatement, maintenant. »
Dans les cercles religieux, Avi Dabush, le directeur de Rabbins pour les droits de l’homme est allé plus loin en réclamant la fin de la guerre et du carnage : « Pour le bien de David Evyatar, pour le reste des otages, pour les soldats et les personnes déplacées, il est temps de mettre fin à la guerre et de parvenir à un accord qui permettra à tous de revenir et de mettre fin au cycle du carnage. »
Parmi les anciens de l’armée, l’ancien chef d’état-major le lieutenant-général de réserve Gadi Eisenkot a déclaré : « En tant qu’ancien chef d’état-major de Tsahal, il ne m’est jamais venu à l’esprit que nous verrions un jour des images de Juifs affamés, sans personne pour les aider. »
Estimant que « le Premier ministre et les membres du Cabinet du 7 octobre portent la responsabilité de la négligence et de la mauvaise gestion impardonnables de la guerre qui nous ont conduits à cette situation », il a recommandé de « prendre la décision juive de signer immédiatement un accord global d’échange de prisonniers, même si le prix à payer est un cessez-le-feu permanent ».
« Rien que la peau sur les os »
Dans les médias israéliens, des chroniqueurs s’insurgent.
« Il est honteux que certains journalistes israéliens aient participé à la promotion de la campagne « Non à la famine » alors que nos otages n’ont plus que la peau sur les os », a déploré un journaliste de la chaine israélienne channel13.
S’adressant à Netanyahu et à ss ministres, l’analyste et journaliste israélien Eyal Berkowitz s’est demandé : « N’ont-ils pas une once de compassion ou de cœur ?! Ont-ils perdu toute humanité ? », assurant que « les images publiées par les Qassam hanteront à jamais le visage de Netanyahu dans l’histoire »
Ophir Yonatan a écrit pour le Yedioth Ahronoth: « Je ne veux pas entendre ce soir un quelconque « responsable politique » évoquer l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations d’accord, suite à la vidéo douloureuse d’Evyatar. Je veux juste entendre que ce « responsable politique » fait tout son possible pour qu’Evyatar et les autres puissent rentrer chez eux demain ».
Des ex-captifs libérés outragés ont aussi réclamé la libération des captifs. « Les photos et les vidéos ne laissent aucune place au doute. Le temps presse. Ce ne sont pas des slogans, c’est la dure réalité », a dit Ohad ben Ami réclamant de ramener tous les captifs « dans le cadre d’une seule transaction ».
Witkoff soutient Netanyahu
Face à cette colère et à tous ces appels, le gouvernement israélien fait la source oreille . Un responsable politique a ouvertement affirmé pour la chaine 12 que « l’opportunité de ramener les otages dans le cadre d’un accord n’est pas envisageable actuellement ».
Ce qui a irrité davantage les familles des captifs, de plus en plus persuadés que le gouvernement israélien à renoncé à leurs fils.
Le père de Rom Braslavski, détenu par le Jihad islamique a déclaré pour la chaîne hébraïque Kan : « Aujourd’hui, après la vidéo et son enlèvement, j’ai l’impression que mon pays et ceux qui sont censés nous protéger, lui et moi, sont mes ennemis. Ils nous laissent en suspens. »
Ayant rejoint la Place des Otages, l’envoyé américain Steve Witkoff a été accueilli par les slogans « Bring them home », ramenez-les à la maison.
Après une rencontre avec lui, le père du captif Guy Iloz a déclaré quant à lui « avoir perdu espoir ». « Nous avons compris qu’une transaction partielle n’est plus évoquée. C’est tout ou rien », a-t-il expliqué.
Selon la radio militaire israélienne, l’envoyé de Donald Trump a dit aux familles des captifs que « le plan consiste à mettre fin à la guerre non à l’élargir ».
Après les avoir rencontrées pendant deux heures, il a réitéré le récit de Netanyahu, arguant « qu’il y a des pénuries et des difficultés, mais il n’y a pas de famine à Gaza ». Selon lui, « le Hamas durcit sa position ». « Vous avez perdu confiance en votre gouvernement, ce que je comprends », a-t-il ajouté.
Le Forum des familles des otages a reproché que « Witkoff adopte la méthode de Netanyahu et apporte un soutien à sa politique », a rapporté l’Autorité de diffusion . Dès lors, il a décidé de faire monter la pression.
« Le gouvernement de Netanyahu nous ment »
Selon l’activiste dans ce forum Einav Tsengauker « Matan subit un holocauste commandité par l’État. Il faut contraindre le gouvernement à conclure un accord global pour mettre fin à la guerre. »
La famille du captif Evyatar a lancé un appel aux gens pour sortir dans les rues pour exercer « une pression réelle sur le gouvernement de Netanyahu ».
Après avoir réclamé que « l’aide soit acheminée aux habitants de Gaza et à Evyatar », elle a ajouté: « Elargir l’opération militaire à Gaza est une condamnation à mort de nos fils. Les conditions qu’Israël a posées sur la transaction d’échange n’est pas réaliste. Le gouvernement de Netanyahu nous ment ».
Pour sa part, le Hamas diffusé une 2eme vidéo du captif Evyatar datant du 27 juillet dans laquelle il dit ne pas avoir mangé depuis plusieurs jours. « Les geôliers nous donnent ce qu’ils peuvent. Netanyahu nous a abandonnés. Tout ce qu’on nous a inculqué en Israël n’est que mensonge ».
Et d’ajouter : « Je creuse ma tombe de mes mains, il se peut que je sois enterré ici, dans ce tunnel ».
Par ailleurs, le Hamas a fait savoir qu’il allait prochainement diffuser une troisième vidéo d’un autre captif.
Manifestation massive à Tel Aviv
Dans la soirée, une manifestation massive a eu lieu à Tel Aviv réclamant la fin de la guerre et un accrod d’échange des détenus. « Ils nous mentent en face, ils gagnent du temps, ils mentent et disent que la pression militaire ramènera les otages, ils nous mentent et disent que le Hamas durcit ses positions, ils nous mentent », a lancé la mère de Matan Angrest .
Selon les médias israéliens, plus de 60 mille Israeliens ont participé à ce rassemblement organisé à l’appel de la famille du captif Evyatar.
L’expert israélien en intelligence et affaires stratégiques Yossi Melman a déclaré que « le public israélien est le témoin chaque jour de l’insensibilité et de la férocité du gouvernement de Netanyahu qui fait tout en son pouvoir pour torpiller un accord qui va finir par faire tomber Netanyahu définitivement ».
Source: Divers