Le Hamas et Israël ne sont pas sur la même longueur d’ondes alors que leur délégation ont entamé en Egypte un nouveau round de négociations indirectes axées sur le plan de 20 points du président américain Donald Trump qui concentre ses pressions sur les Palestiniens.
Le Hamas a affirmé sa volonté de parvenir à un accord pour mettre fin à deux ans de guerre à Gaza et de procéder à un échange « immédiat » des captifs israéliens contre des détenus palestiniens avec Israël, avant des négociations indirectes lundi en Egypte entre les deux belligérants.
Près d’une semaine après avoir présenté un plan de paix pour le territoire palestinien ravagé par le génocide lancé par Israël à la suite de l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023, Donald Trump a mis la pression sur les négociateurs.
Il les appelés à « avancer rapidement » lors de ces discussions prévues dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, dans le Sinaï (est) qui doivent commencer ce lundi à la veille du deuxième anniversaire de l’attaque.
« On m’a dit que la première phase devrait être achevée cette semaine », a déclaré le président américain, qui a dépêché en Egypte son émissaire Steve Witkoff et son gendre Jared Kushner, faisant état de « discussions très positives (…) ce week-end avec le Hamas et des pays du monde entier (arabes, musulmans et autres) ».
Selon le Wall Street Journal, l’envoi de ces deux hommes est « une preuve du sérieux de Washington dans la recherche d’un accord, malgré les doutes quant aux conditions de la réunion des parties à la même table ».
Le plan américain à la base des négociations prévoit un cessez-le-feu, la libération dans les 72 heures des captifs, le retrait par étapes de l’armée israélienne de Gaza et le désarmement du mouvement de résistance Hamas.
Dans sa réponse, le Hamas n’a pas mentionné la question de son désarmement, un point clé de la proposition, affirmant qu’il entendait participer à toute discussion sur l’avenir de Gaza et insistant sur la nécessité d’un « retrait total israélien ».
Sachant que le plan exclut tout rôle du Hamas « dans la gouvernance de Gaza » et prévoit l’exil de ses combattants.
Trump argue se démarquer de Netanyahu
Samedi, Trump avait assuré que Netanyahu est disposé à cesser les bombardements sur Gaza, tout en cherchant à « savoir le sérieux du Hamas qu’il va détruire totalement s’il décide de se maintenir au pouvoir ».
La veille, lors d’un appel téléphonique, avant qu’il n’exige que ce dernier cesse les bombardements, il aurait exprimé son mécontentement de la négativité de Netanyahu à l’encontre de la réponse du Hamas.
« C’est beau, il y a des progrès », lui aurait-il dit en réagissant à cette réponse. Et Netanyahu de lui répliquer qu’« il n’y a aucune raison de se réjouir et la réponse du Hamas est inutile ».
Ce à quoi Trump lui aurait pesté : « Je ne sais pas pourquoi tu es si stupide, c’est une victoire, prends-la ».
Cet échange a été révélé par des responsables américains pour la chaine 12 israélienne. Cette dernière rapporte à la foi de responsables américains que « les allégations de Netanyahu selon lesquelles tout était coordonné avec Trump sont fausses, et la conversation avec lui a été tendue et tendue ».
« Trump était très en colère face à l’approche négative de Netanyahu, mais ils ont finalement trouvé un accord » a-t-elle ajouté.
Ces fuites médiatiques sont d’autant plus suspectes et leur véracité douteuse que Trump ne cesse de perdre en crédibilité depuis son investiture, tellement ses déclarations sont contradictoires et sournoises. Ses efforts via des sources anonymes de vouloir se montrer en désaccord avec Netanyahu, semble être une tactique bien calculée dans son discours pour donner de faux-semblants et tromper ses interlocuteurs, arabes en particulier, voire même toutes les opinions publiques.
Le Monde : Blair ignore les droits des Palestiniens
Sa désignation de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair dans le soutien aux plans américains pour la bande de Gaza illustrent en revanche ses réelles intentions.
Selon le journal français Le Monde c’est «la proximité de Blair avec Netanyahu qui l’a intégré à la nouvelle équation politique régionale ».
Le journaliste Jean-Pierre Filiu a rappelé que Blair a joué un rôle constant depuis 2003 dans des politiques qui ignorent les droits des Palestiniens, et soutiennent des programmes économiques renforçant le contrôle israélien sur la Cisjordanie au lieu de promouvoir l’indépendance nationale palestinienne.
Filiu a ajouté que l’institut de Blair, qui coopère avec les conseillers de Trump, participe désormais à l’élaboration de nouvelles visions économiques pour la bande de Gaza, poursuivant une approche qui ignore l’essence du conflit : l’absence de justice politique et le droit à l’autodétermination.
Les quatre demandes du Hamas
« Le Hamas est très soucieux de parvenir à un accord pour mettre fin à la guerre et entamer immédiatement le processus d’échange des prisonniers », a dit un responsable du Hamas à l’AFP sous couvert de l’anonymat.
Son négociateur en chef, Khalil Al-Hayya, est arrivé dimanche soir en Egypte à la tête d’une délégation, a annoncé le mouvement de résistance islamiste palestinien, précisant que des discussions allaient débuter sur quatre éléments : « les mécanismes d’un cessez-le-feu, le retrait des forces d’occupation et un échange de prisonniers » ainsi que sur « la date de début de la première phase du plan d’échange de prisonniers du président Trump ».
« Des négociations auront également lieu afin de fixer une date pour une trêve temporaire afin de préparer le terrain pour le lancement du processus d’échange », précise le communiqué.
Les réunions prévues lundi seront les premières auxquelles participe Khalil Al-Hayya depuis qu’Israël l’a pris pour cible, ainsi que d’autres dirigeants du Hamas, lors de frappes sur Doha le mois dernier.
Démenti du Hamas
Dimanche, le cadre du Hamas, Mahmoud Mardawi, a démenti dans un communiqué « les allégations mensongères publiées par plusieurs médias concernant l’avancement des négociations de cessez-le-feu et la position du mouvement sur le désarmement. »
Une source anonyme avait argué pour des médias, que le mouvement aurait commencé à collecter les cadavres des captifs israéliens et accepté de remettre ses armes à un comité palestino-égyptien sous supervision internationale.
Selon Mardawi, ces publications sont sans fondement et visent à déformer la situation et à semer la confusion dans l’opinion publique.
Présence militaire israélienne à long terme
La délégation israélienne s’est elle aussi rendue dimanche à Charm el-Cheikh, selon la porte-parole du gouvernement israélien.
Alors que Netanyahu qui affirme soutenir le plan Trump, a insisté que son armée se maintiendra dans la majeure partie de la bande de Gaza, dont elle contrôle aujourd’hui 75% environ, le président américain a affirmé samedi qu’Israël avait accepté une première « ligne de retrait » à une distance de 1,5 à 3,5 km à l’intérieur du territoire palestinien. Dès que le Hamas l’aura acceptée, un cessez-le-feu « entrera immédiatement en vigueur ».
L’Autorité de radiodiffusion israélienne a révélé que le gouvernement de Netanyahu entend maintenir une présence militaire à long terme dans trois zones stratégiques de la bande de Gaza et de ses environs, même après la mise en œuvre de l’accord d’échange de prisonniers et le retrait progressif de l’armée.
Selon ce media, des responsables israéliens ont informé Washington des détails de ce plan, qui prévoit le maintien de l’armée dans une zone tampon à l’intérieur de la bande de Gaza (dont la profondeur et la superficie n’ont pas été précisées), le corridor Philadelphie, à la frontière avec l’Égypte, et la zone de la colline 70, connue localement sous le nom de « colline d’al-Montar », située à l’est du quartier de Chuja’iyya, dans la ville de Gaza. Cet emplacement stratégique offre une puissance de feu et un contrôle visuel sur de vastes zones du nord de la bande de Gaza, notamment la ville de Gaza et le camp de réfugiés de Jabalia.
Pas de cessez-le-feu mais feu vert de Ben-Gvir et Smotrich
Israël n’a pas respecté la demande exigée par de Trump d’arrêter les bombardements dans l’enclave, après voir reçu la réponse du Hamas. Sans aucune réaction de Trump.
Un communiqué militaire publié dimanche citait le chef d’état-major de l’armée israélienne Eyal Zamir : « Il n’y a pas de cessez-le-feu, mais la situation opérationnelle a changé. L’échelon politique transforme les outils et les acquis obtenus par l’action militaire en gains politiques. »
Il a ajouté : « Si l’effort politique échoue, nous reprendrons le combat. La bataille n’est pas terminée. Nous devons rester vigilants et prêts à combattre à tout moment. » Il a ajouté : « Nous avons d’autres objectifs militaires et, si nécessaire, nous combattrons jusqu’à la défaite politique et militaire du Hamas. »
La chaîne israélienne Channel 12 a cité une source indiquant que le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, et le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, ont donné le feu vert à Netanyahu pour la première étape de l’accord. Ils lui ont toutefois demandé de s’engager à reprendre les combats si le Hamas ne désarmait pas.
En cas d’accord, les bombardements israéliens devront « cesser », a déclaré le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio. Alors qu’ils auraient dû être suspendus après la réponse du Hamas.
Les bombardements intensifiés après la demande de Trump de les arrêter
Entretemps, l’intensité des bombardements et des opérations de démolition israéliennes a doublé dimanche par rapport aux jours de génocide qui ont précédé l’annonce par le président américain de la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat, rapportent des sources sur place.
Dans la nuit de vendredi à samedi, des raids israéliens ont détruit la maison de la famille Abdel al-Al tuant 19 personnes.
Samedi, 72 Palestiniens sont tombés en martyrs dont 42 à Gaza-ville.
Depuis dimanche matin, l’artillerie bombarde tous les quartiers de la ville de Gaza, des rues Jala’ et Nasr au nord jusqu’à la rue Al-Thalathini au sud. L’ennemi a également détruit tous les bâtiments de l’université Al-Azhar dans le quartier d’Al-Maghraqa, au sud de la ville. Ses avions ont lancé des dizaines de raids sur les quartiers de Chuja’iyya, Rimal et Sabra, la rue al-Nafaq, qui a été bombardee a plusieurs reprises.
Dans la soirée, les frappes aériennes et d’artillerie se sont intensifiées, ciblant les zones est du quartier de Touffah.
Des drones quadricoptères ont également largué des bombes explosives sur l’école Asma’, qui accueille des personnes déplacées dans le camp de réfugiés d’al-Chati’, à l’ouest de la ville de Gaza.
Ce lundi, c’est l’école al-Rom hébergeant également des déplacés qui a été bombardée à Tal al-Hawa.
Une femme s’est effondrée
Le Hamas a souligné auprès des médiateurs « la nécessité pour Israël de suspendre toute opération militaire dans l’ensemble de la bande de Gaza, de cesser toutes les activités aériennes, de reconnaissance et les survols de drones et de se retirer de l’intérieur de Gaza-ville ». Dans le même temps, « le Hamas et les factions de la résistance mettront fin à leurs opérations militaires ».

WP : il faut un règlement équilibré
Dans son éditorial, le Washington Post a souligné que la marge de manœuvre pour parvenir à un accord global au Caire avec la médiation américaine était étroite, et la voie restait semée d’embûches en raison de la complexité des calculs politiques israéliens et des pressions internes des deux côtés.
Le journal américain a souligné que la proposition actuelle se distingue des précédentes par son caractère global, allant au-delà des échanges partiels de prisonniers vers un accord de cessez-le-feu global. Il a estimé que l’acceptation initiale du plan par le Hamas constitue une avancée significative qui mérite d’être approfondie.
Le Washington Post a appelé l’administration du président Donald Trump à formuler un règlement équilibré qui satisfasse Israël sans irriter les capitales arabes, afin d’éviter de répéter les échecs précédents, notamment compte tenu du soutien dont bénéficie le plan au sein des milieux israéliens.
Maariv : il faut des concessions mutuelles
Pour le journal israélien Maariv, le général de division à la retraite Yitzhak Brick écrit qu’Israël mène une guerre à Gaza depuis deux ans sans atteindre aucun de ses objectifs déclarés, soulignant que poursuivre cette approche signifierait une perte stratégique profonde.
Brik estime que la seule solution pour sauver Israël réside dans un accord véritablement négocié avec le Hamas, incluant des concessions mutuelles pour mettre fin à la guerre. Il affirme que négliger l’opportunité actuelle conduira à un épuisement militaire et politique accru, et que les dirigeants israéliens doivent s’orienter vers un règlement qui préserve leur sécurité et leur position.
90% de la bande de Gaza détruit
L’attaque du 7-Octobre a entraîné dans l’enveloppe de Gaza la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes prises en captivité ce jour-là, 47 sont toujours captives à Gaza.
Le bureau médiatique du gouvernement de Gaza a révélé que 90% de l’enclave est désormais détruit par plus de 200.000 tonnes d’explosifs et le chiffre des martyrs et des disparus a atteint les 76.639 dont 9.500 disparus. Alors que celui des blessés est de l’ordre de 169.583 dont 4800 amputations et 1200 paralysies.
2.700 familles ont été entièrement exterminées et 12.000 avortement ont été recensés. Il a aussi indiqué que 460 personnes ont succombé à la faim et la malnutrition.
L’ONU a déclaré la famine dans une partie de Gaza et ses enquêteurs affirment qu’Israël commet un génocide dans le territoire palestinien. Des accusations rejetées par Israël. Alors que le ton monte dans le monde où les manifestations et les actions de boycott des institutions israéliennes se multiplient réclamant la fin de la guerre et les droits des Palestiniens.
Source: Divers