C’est une vraie leçon de démocratie et de respect des institutions de l’Etat que le chef du parlement libanais a donnée à l’ambassadeur britannique au Liban.
Chris Rampling était venu chez Nabih Berri, le mercredi 27 février, pour l’informer de la décision du gouvernement de sa Majesté de placer l’aile politique du Hezbollah sur sa liste antiterroriste. Avant même que cette décision ne soit votée dans le parlement ! Elle devrait passer ce jeudi 28 février par la chambre des Lords, puis transféré le vendredi 1er mars vers celle des Communes.
Devant son hôte britannique, M. Berri ne s’est pas laissé emballer.
« Chez nous au Liban, le gouvernement ne peut dépasser le parlement d’une façon catégorique. Tout projet de loi quand bien même son contenu est connu d’avance ne saurait être véhiculé par le Cabinet avant qu’il n’entre entièrement en vigueur et soit voté par le parlement. Et si le gouvernement en viendrait à le ratifier avant les démarches nécessaires qui le précèdent , j’en ferai tout un tollé ».
Selon le journal libanais Al-Joumhouriyyat, le diplomate est reste bouche-bée.
Et M. Berri d’enchainer : « ce message que vous me faites parvenir est rejeté dans la forme. Een tout cas je ferai en sorte qu’il ne m’est pas parvenu encore. Je considèrerai l’avoir reçu lorsque la chambre des Communes l’aura ratifié ».
Et lorsque M. Rampling lui a fait part que cette démarche « n’aura pas d’impact sur le Liban », il lui a répliqué : « alors pourquoi m’en informer ».
Berri est persuadé que ce message est adressé au Etats-Unis, estime al-Joumhouriyat.
Cette décision n’a pas été une surprise pour les responsables libanais. Ils ont été mis au courant bien avant son annonce par le ministre de l’intérieur britannique Sajid Javid par l’intermédiaire de l’ambassade du Liban à Londres. Depuis six mois, selon le journal libanais al-Akhbar, selon lequel il aurait fallu aux autorités libanaises à partir de cette date déployer des efforts pour l’entraver. Or ce n’est que récemment que cette dernière a envoyé une lettre à 250 députés dans laquelle elle a expliqué pourquoi la décision est erronée, assurant que le Hezbollah est une faction représenté aussi bien au sein du Parlement que dans le gouvernement et les municipalités et qu’il jouit d’une grande popularité.
La missive insiste aussi sur le fait que le Hezbollah n’a jamais visé des citoyens britanniques ni le sol britannique, ce qui veut dire que « cette décision a été prise pour des considérations politiques et non objectives liées à des faits ». Et de conclure qu’il s’agit d’une décision arbitraire qui ne sert ni les intérêts du Liban ni ceux de la Grande Bretagne ».
Selon al-Akhbar, les interventions des députés britanniques conservateurs qui soutiennent la décision de leur gouvernement cotiennent de nombreux mensonges et de contre-vérités. L’un d’entre eux a même dit que « le Hezbollah agresse les réfugiés chrétiens au Liban » !
Depuis que le dirigeant Jeremy Corbyn a été élu à la tête de Labour party, lui et ses partisans hostiles à la politique israélienne de colonisation et proche des mouvements de résistance font l’objet d’une campagne orchestrée par les milieux pro israéliens. Ces derniers, toutes appartenances confondues, craignent que ce pays ne bascule vers le camp qui soutient la cause palestinienne. D’autant qu’il assume une énorme part de la responsabilité historique dans la création de l’entité sioniste et dans le calvaire que vit depuis le peuple palestinien.
Source: Divers