Le parlement égyptien, largement acquis au président Abdel Fattah al-Sissi, doit voter mardi une révision constitutionnelle qui offrira à l’ancien maréchal, accusé de graves violations des droits humains, la possibilité de rester au pouvoir jusqu’en 2030 dans le pays le plus peuplé du monde arabe.
Sissi, arrivé au pouvoir après le renversement par l’armée de Mohamed Morsi en 2013, a été réélu avec plus de 97% l’an dernier. Mais, à ce jour, la Constitution limite le nombre de mandats à deux, de quatre ans chacun.
Plusieurs amendements à la Constitution de 2014 ont été proposés en février par un bloc parlementaire soutenant activement le chef de l’Etat.
Parmi les changements, le nouvel article 140 permettrait d’étendre le deuxième mandat actuel de M. Sissi de quatre à six ans, portant ainsi son terme à 2024 au lieu de 2022.
Le chef de l’Etat pourrait par ailleurs se présenter en 2024 à un troisième mandat de six ans.
Sissi a été élu pour la première fois en 2014, un an après avoir mené le renversement par l’armée, à la faveur d’un mouvement populaire, de Mohamed Morsi, dont il était le ministre de la Défense.
Selon Human Rights Watch (HRW), le « projet de réforme constitutionnelle (…) accorde à l’armée des pouvoirs particulièrement abusifs et institutionnalise davantage l’autoritarisme ».
Dans un communiqué publié la semaine dernière, l’ONG avait appelé le Congrès américain à ne pas donner son « feu vert à la répression » en Egypte, alors que M. Sissi était en visite à Washington, où il a rencontré son allié américain Donald Trump.
Amnesty International a aussi appelé les alliés du Caire, en particulier les Etats-Unis, à ne pas « rester silencieux » face au projet de réforme.
« S’ils étaient adoptés, ces amendements constitutionnels aggraveraient la crise dévastatrice des droits humains » en Egypte, a déclaré l’ONG la semaine dernière.
La révision constitutionnelle doit également accroître le contrôle du pouvoir judiciaire par l’exécutif et institutionnaliser le rôle politique de l’armée, pilier du régime.
Source: Avec AFP