Avec l’escalade en cours dans le Golfe persique entre l’Iran et les USA, des journalistes et haut-officiers israéliens ont multiplié leurs déclarations sur un scénario très pessimiste en cas de guerre contre le Hezbollah.
Pour éviter le pire, l’ancien chef de l’état-major Gadi Eisenkot, qui a quitté son poste le 15 janvier dernier, estime qu’il faut à tout prix empêcher l’éclatement de cette guerre.
« Cette guerre sera très pénible pour les deux côtés et il est important qu’Israël fasse de son mieux pour l’empêcher, et ce pour l’intérêt des habitants de deux bords de la frontière », a-t-il dit dans son intervention au centre Washington pour la politique du Proche-Orient.
Selon le chroniqueur du journal libanais al-Akhbar qui a rapporté cette déclaration, les propos du général israélien sont d’autant plus curieux que c’est lui qui a mis au point « l’idéologie de Dahieh » (en allusion à la banlieue sud de Beyrouth, le bastion du Hezbollah). Une stratégie militaire qui incite à prendre pour cibles les civils, et les infrastructures civiles et à détruire les villages et les villes libanaises. Il l’avait conçue en 2007 au lendemain de la guerre de 2006, lorsqu’il a été désigné à son poste de chef d’état-major.
« L’ayant quitté, il se doit de faire une approche différente qui prenne en considération le fait que l’arsenal du Hezbollah a doublé d’ampleur. Il préconise dès lors sa dissuasion, insiste pour préserver l’accalmie et empêcher la guerre de crainte d’avoir à payer un prix cher », a écrit al-Akhbar.
Les propos d’Eisenkot interviennent au moment même où en « Israël », la chaine de télévision israélienne 13 diffuse une série de reportages dans lesquels elle expose les préparatifs et les capacités du Hezbollah. Du fait surtout qu’il a accumulé une expertise considérable durant sa participation à la guerre en Syrie.
En même temps, le programme télévisé israélien stigmatise le manque de préparation du front israélien interne, le talon d’Achille d’Israël en cas de conflit.
A été interviewé un ex-commandant du bataillon du nord dans l’armée israélienne Gershon Hacohen qui a insisté sur la nécessité de mieux évaluer la puissance du Hezbollah à la lumière de sa participation aux côtés des Syriens, des Russes et des Iraniens dans la guerre en Syrie.
« Durant ces dernières années de combat en Syrie, le Hezbollah ne s’est pas contenté de combattre. Il a aussi connu une expérience militaire très avancée grâce aux entrainements russe et iranien sur les combats au niveau des brigades, en réalisant des attaques coordonnées entre les troupes, les manœuvres et les essais de tir »
Et Hacohen de poursuivre : « concernant les tactiques de guerre j’aurais donné aux éléments du Hezbollah un prix Nobel dans la créativité, parce qu’ils ont placé l’armée israélienne dans un dilemme, et elle s’est vue obligée de consacrer sa force d’élite pour des actions de défense en raison des plans offensifs du Hezbollah . Il en découlé que la capacité offensive israélienne se cantonne désormais à son armée de l’air ».
Pour Hacohen, le Hezbollah a bel et bien réalisé un équilibre stratégique avec Israël.
Même son de cloche de la part de la chercheuse israélienne dans le département des recherches au sein du Mossad Sima Chin. Selon laquelle le Hezbollah constitue la plus grave menace à Israël surtout qu’il a énormément développé sa puissance durant cette dernière décennie.
En plus du fait qu’il a acquis une importante expérience opérationnelle, elle estime que le Hezbollah est désormais devenu un acteur régional. « Les Russes parlent avec lui. Les Iraniens comptent sur lui. Et le président syrien aussi compte sur lui. Il est dans un situation bien meilleure sur le plan régional et au Liban aussi », a-t-elle expliqué pour la chaine 13.
Pour conclure, cette télévision n’a pas manqué de rappeler le scénario dramatique qui découlera en cas d’éclatement de la guerre avec le Hezbollah. «Dans la troisième guerre contre le Liban, les israéliens n’auront aucune place où s’enfuir. Tel Aviv sera bombardée quotidiennement par des dizaines de roquettes. Et Haïfa par des centaines. C’est-à-dire un missile lourd chaque quelques minutes. L’aéroport sera fermé ainsi que les ports. Il n’y aura aucun moyen de fuir Israël ».
Avant de conclure sur une note qu’elle voudrait optimiste : « Cette guerre n’aura pas lieu ».