La Russie a démenti les allégations américaines d’avoir déployé des Mig-29 et des Sukhoï 24 en Libye accusant à son tour les Etats-Unis de vouloir se servir de ces accusations comme prétexte pour renforcer leur présence au Moyen-Orient et en Afrique.
«Nous avons remarqué que Washington ne cesse de diffuser des informations sur des actions russes à caractère militaire, lesquelles représenteraient une menace pour la sécurité de l’Afrique du Nord. Les États-Unis le font depuis longtemps de manière sporadique. On assiste actuellement à une nouvelle flambée, sans en voir d’exemples, de faits ou d’informations concrètes. Les Américains ne prennent pas la peine de fournir des faits», indique Maria Zakharova, rapporte l’agence russe Sputnik.
Le commandement américain en Afrique a affirmé que ces appareils de combat ont été mis à la disposition de la société militaire russe Wagner pour apporter un appui aérien aux forces de Haftar.
C’est la France qui est ciblé par les récentes déclarations du commandant d’Africom, et non la Russie, juge pour sa part Veniamin Popov, ex-ambassadeur russe en Tunisie, en Libye et au Yémen.
L’ancien diplomate expliquait à Sputnik la décision de Washington visant à envoyer une brigade militaire en Tunisie, initiative révélée le 28 mai dernier, à l’issue d’une conversation téléphonique entre le ministre tunisien de la Défense nationale Imed Hazgui et le général Stephen J. Townsend, chef du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (Africom).
C’est une «démarche sans précédent», a fait remarquer M. Popov.
«Jusqu’à présent, les Américains n’avaient envoyé leurs troupes qu’en Égypte. Ils s’étaient abstenus d’en envoyer dans d’autres pays. Ils ne s’étaient ingérés que très prudemment dans le conflit libyen en ne prêtant qu’un concours logistique à l’Angleterre et à la France», rappelle-t-il.
Estimant que les Américains veulent renforcer leur présence dans les structures militaires en Tunisie, pays qui a toujours été « le pré carré de la France», cette initiative n’est donc pas tant dirigée contre la Russie que contre la France, avance-t-il.
« En effet, compte tenu de l’importance du bassin méditerranéen et des conflits à venir au Maghreb, les États-Unis souhaitent y réduire l’influence de la France pour se faire une place dans cette région du monde. Il me semble que la raison principale de tout cela est de nuire à Paris qui agit parfois de façon trop indépendante et ignore Washington», soutient l’ambassadeur Veniamin Popov.
Selon Djalil Lounnas, professeur en relations internationales à l’université américaine Al Akhawayn d’Ifrane (Maroc) la Tunisie reste un allié hautement stratégique des Américains en Afrique du Nord.
«Parmi les voisins directs de la Libye, la Tunisie est certainement l’allié le plus fidèle des Etats-Unis. En 2015, ce pays du Maghreb avait obtenu des Américains le statut d’allié privilégié non-OTAN. Tunis est également très proche du GNA [Gouvernement d’Entente nationale] de Fayez al-Sarraj. Il est évident que la Tunisie se retrouve de fait impliquée dans le conflit qui oppose les deux superpuissances », affirme-t-il dans un entretien avec Sputnik.