Après avoir feint qu’ils n’en avaient cure si le Hezbollah participait ou pas au cabinet libanais, les USA affichent ouvertement une position contraire.
C’est l’ambassadrice Dorothy Shea qui l’a affichée pour le Premier ministre désigné Saad Hariri lequel peine à former ce gouvernement, quatre semaines après sa nomination, rapporte le journal libanais al-Akhbar.
Les tractations étant toujours au point zéro. Le chef de l’Etat libanais refusant toujours un gouvernement qui ne prend pas en compte les résultats des élections parlementaires de 2018 dans la distribution des portefeuilles ministériels.
Selon les médias libanais, Mme Shea a fait part ouvertement à M. Hariri que son pays refusait une participation du Hezbollah, aussi bien directe qu’indirecte via des spécialistes.
L’action semble être concertée avec la France d’où le secrétaire d’état américain Mike Pompeo a déclaré lundi 16 novembre « qu’il fallait combattre l’extrémisme du Hezbollah violent », à l’issue de sa rencontre avec son homologue, Jean-Yves Le Drian.
Un mot d’ordre qui prédit des pressions extrêmes sur le Liban avant le départ, le mois de janvier prochain, du président américain sortant Donald Trump, perdant de la présidentielle américaine.
Il semble que la France ait aussi changé de tactique. Après avoir montré la patte blanche au Hezbollah, lors de la brève conversation du président Emmanuel Macron avec le chef de son bloc parlementaire Mohamad Raad, lors de sa visite au Liban au lendemain de l’explosion meurtrière du port de Beyrouth, aux causes non encore élucidées, elle lui montre maintenant la patte grise, pas tout-à-fait noire. Lors de la visite de son émissaire Patrick Durel, celui ci s’est ingéré dans les nominations des portefeuilles ministériels. En soutenant la politique d’accaparement des nominations ministérielles suivie par M. Hariri .
Selon al-Akhbar, il a livré deux noms pour deux ministères libanais et pas n’importe lesquels: celui des Finances dont le tandem Hezbollah-Amal revendique la désignation du ministre. Il s’était d’ailleurs entendu avec M. Hariri pour ce faire, avant même sa désignation.
Et celui de l’Energie réclamé par le Courant patriotique libre (CPL) auquel par contre M. Hariri refuse de l’accorder.
La différence entre les Français et les Américains dans ce qui semble être un jeu de distribution des rôles étant que les premiers optent pour les moyens indirects et insidieux, affichant un certaine considération pour la souveraineté libanaise, tandis que les seconds vont droit au but, via une ingérence insolente, à l’insu des lois et de la Constitution libanaises!
Cette immixtion américaine insolente dans les affaires internes libanaise s’illustre parfaitement dans son action méthodique mise en action depuis plus d’une décennie, destinée à imposer leur mainmise sur l’armée libanaise, au service d’Israël, l’ennemi du Liban.
Récemment, l’ambassadrice américaine a voulu forcer la main du président libanais en vue d’obtenir la prorogation du mandat du directeur des Renseignements militaires Tony Mansour alors qu’il devrait aller à la retraite dans trois semaines.
Une exigence formulée par le biais du commandant de l’armée le général Joseph Aoun, mais qui a été rejetée par le président Aoun, selon lequel il n’y a aucune raison pour ce remaniement de la loi, tant que les alternatives existent. Il a désigné Antoine Kahwaji comme directeur des renseignements militaires, dont la candidature devrait être approuvée par le Conseil militaire avant d’être accréditée par la ministre de la défense Mme Zeina Akar.
Selon al-Akhbar, sous le commandement des deux généraux Joseph Aoun et Tony Mansour, cette mainmise américaine sur les forces armées libanaises a atteint des degrés inégalables.
Les dons américains qui lui sont destinés lui parviennent sans passer par le Conseil des ministres, précise-t-il. La collaboration de l’institution militaire libanaise avec les Etats-Unis s’est aussi faite sans accord ratifié par le Parlement libanais.
De plus, sur les frontières nord et est du Liban avec la Syrie, ils sont en train de réaliser un projet d’une grande dangerosité pour le Liban. Sans l’autorisation ni du conseil des ministres ni de celle du ministère de la Défense, pourtant indispensables selon la Constitution.
Les Américains ont obtenu une adjudication pour la compagnie américaine Parsons, dont le siège se trouve en Californie, dans le but de contrôler les frontières avec la Syrie. Celle-ci devrait poursuivre le travail entamé par les Britanniques qui ont édifié des tours d’observation tout au long de la frontière entre la Békaa libanaise d’un côté et les provinces syriennes de Homs et de Damas, de l’autre. Sa besogne consistera à installer un réseau DTRA de radars et d’observation tout au long de la frontière libano-syrienne et du littoral libanais.
Il est clair que leur objectif est de fermer toutes les issues qui pourraient servir de passage à l’armement de la résistance. Ces actions ne devraient pas échapper à la vigilance du Hezbollah!