La Chine mène, ce lundi 10 avril, des exercices à tirs réels dans le détroit de Taïwan pour simuler un « bouclage » de l’île, tandis que les Etats-Unis, qui ont appelé à la « retenue », ont déployé un destroyer dans des eaux revendiquées par Pékin.
Les manoeuvres chinoises, démarrées samedi pour trois jours, visent à protester contre la rencontre, mercredi dernier, de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen avec le président de la Chambre américaine des représentants, Kevin McCarthy.
L’objectif? Simuler un « bouclage » du territoire de 23 millions d’habitants réclamé par Pékin, a expliqué l’armée chinoise. Et notamment un « blocus aérien », selon la télévision d’Etat CCTV, rapporte l’AFP.
Le commandement du théâtre d’opérations Est de l’Armée a précisé que le Shandong, l’un des deux porte-avions de la Chine, a « participé à l’exercice du jour ».
Taïwan a dit avoir détecté 11 navires de guerre et 59 aéronefs chinois autour de l’île lundi.
Durant le weekend, des avions de chasse et des navires de guerre avaient simulé des bombardements ciblés contre l’île, dans le cadre de cette opération baptisée « Joint Sword » et dénoncée par Taïwan.
Les Etats-Unis, qui ont appelé Pékin à la « retenue », ont semblé eux aussi vouloir faire une démonstration de force: le destroyer américain USS Milius a mené lundi une « opération de liberté de navigation » dans un secteur de mer de Chine méridionale revendiqué par Pékin.
Une « intrusion », a immédiatement déclaré la Chine.
Sur une vidéo publiée lundi sur le compte WeChat du commandement du théâtre d’opérations Est de l’Armée, un pilote chinois dit être « arrivé près de la partie nord de l’île de Taïwan », avec des missiles « verrouillés en place ».
Dans une autre vidéo, accompagnée d’une musique dramatique, le coup de sifflet d’un officier fait courir le personnel militaire en position, tandis qu’un barrage simulé sur Taïwan apparaît à l’écran.
La Chine voit avec mécontentement le rapprochement ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les Etats-Unis qui, malgré l’absence de relations officielles, fournissent à l’île un soutien militaire substantiel.
Elle considère Taïwan comme une province qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Pékin vise cette réunification, par la force si nécessaire.
Les exercices à tirs réels de lundi se tiennent dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l’île, selon les autorités maritimes chinoises locales.
Elle est située à 80 kilomètres au sud de l’archipel de Matsu et à 190 kilomètres de Taipei.
Selon la même source, ils seront menés entre 07H00 (23H00 GMT dimanche) et 20H00 (12H00 GMT lundi), autour de Pingtan, une île qui constitue le point le plus proche entre la Chine et Taïwan.
Les manoeuvres « servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant +l’indépendance de Taïwan+ et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices », a averti un porte-parole de l’armée chinoise, Shi Yi.