Les forces spéciales de trois pays de l’Otan ont décidé de s’unir pour créer un commandement commun: la Composite Special Operations Component Command (C-SOCC).
Le mémorandum d’entente sur ce projet a été signé par les ministres de la Défense des trois pays concernés le 7 juin 2018, à la veille de la réunion des ministres de la Défense des pays membres de l’Otan, écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Le nouveau commandement devrait commencer ses activités en 2019 puis devenir entièrement opérationnel en 2021.
La question la plus intéressante est celle de savoir qui a décidé de participer à ce projet, manifestement par peur du mythique «ours russe»: il s’agit de la Belgique, du Danemark et des Pays-Bas.
Il serait tout aussi intéressant de savoir pourquoi ce sont précisément ces pays qui ont décidé tout à coup d’organiser cette intégration des forces spéciales à ce moment précis. De qui ont-ils peur cette fois? Cela serait compréhensible si cela s’était passé en prévision, disons, de la Seconde Guerre mondiale. La réponse aurait été: par crainte de l’Allemagne. Mais aujourd’hui ils sont avec l’Allemagne et une vingtaine d’autres pays dans le «même bateau», l’Otan.
Serait-ce par peur de l’«ours russe»? Peut-être.
Mais un regard sur la carte suffit pour comprendre toute l’absurdité de cette supposition: l’«ours russe» s’userait les pattes avant d’arriver jusqu’à ses pays qui se trouvent à l’autre bout de l’Europe. Sachant que pour cela, il devra traverser plusieurs États disposant de forces armées conséquentes, et notamment de forces spéciales.
En étudiant cette même carte, une autre question se pose également: si la volonté des commandements militaires de la Belgique et des Pays-Bas d’unir leurs forces spéciales peut encore s’expliquer, on ignore ce que le Danemark vient faire là, qui ne partage même pas de frontière avec eux.
Quoi qu’il en soit, le principal ennemi pour le nouveau commandement a déjà été désigné: c’est la Russie. Du moins, c’est la conclusion que l’on peut tirer après le récent déroulement des vastes exercices des forces spéciales de l’Otan Trojan Footprint 18 sur le territoire de la Lettonie, de la Lituanie et de l’Estonie. Près de 2.000 soldats belges, britanniques, danois, allemands, canadiens, lettons, lituaniens, néerlandais, norvégiens, polonais, américains, suédois et estoniens ont participé à ces manœuvres.
La nouvelle structure «puissance 3» devrait regrouper les forces spéciales suivantes des trois pays signataires de l’accord:
— Belgique: le Groupe des Forces spéciales (SFG) — 10 groupes de combat entraînés à intervenir en mer, au sol et dans les airs;
— Danemark: le corps de chasseurs (Danish Hunter Force) et le corps des nageurs de combat (Danish Frogman Corps);
— Pays-Bas: le Korps Commandotroepen (KCT) et les forces navales des opérations spéciales (NL MARSOF).
Source: Sputnik