Lors de sa visite en Turquie, l’émissaire du président américain Donald Trump, la chef de la CIA Gina Haspel a pu consulter les enregistrements sonores et vidéos entre les mains des services de renseignements turcs sur l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien à Istanbul.
C’est le site en ligne Arabic Post, citant le journal turc proche du pouvoir turc Sabah News, 22 minutes enregistrées dans l’enceinte du consulat lui ont été exposées.
Elles rapportent que la victime a été accueillie par le consul général en personne Mohammad al-Otaïbi. Deux minutes plus tard, deux hommes sont entrés, lui ont dit qu’il était recherché par les autorités saoudiennes, et lui ont demandé d’écrire une lettre à sa famille et à ses fils pour leur dire qu’il voudrait retourner en Arabie saoudite de son plein gré.
Toujours selon Sabah News, les enregistrements montrent que Khashoggi a refusé d’écrire la lettre et a commencé à crier.
A ce moment, remarquant qu’ils avaient une seringue avec eux, il les a mis en garde qu’une personne qui l’avait accompagnait l’attendait au portail du bâtiment, et qu’elle allait entreprendre des contacts s’il ne sortait pas. Il les a même avertis qu’ils se trouvent en sol étranger et ne peuvent s’en prendre à lui. C’est alors qu’ils se sont approchés de lui et lui ont administré la seringue. Alors qu’il leur criait éloignez cette seringue, je ne vous permets pas. Mais ils ont fini par le maitriser.
Selon le journal turc, à la base des enregistrements, « la seringue n’a pu tuer Khashoggi et il semble qu’ils ont utilisé un sac en plastique pour l’étrangler. Par la suite, ils ont découpé son cadavre en morceaux, les ont mis dans des sacs en plastique, et déposés dans les valises ». Celles-là mêmes qui ont été vues entre les mains de certains éléments du groupe des 15 qui étaient venus à Istanbul quelques heures avant l’entrée de M. Khashoggi dans le consulat et l’avaient quitté quelques heures après l’annonce de sa disparition. Leurs divers délacements dans la ville ont été amplement médiatisés .
Enregistrements et fuites au compte-gouttes
Depuis l’éclatement de l’affaire du journaliste saoudien dissident, les médias turcs ont fait état de la présence d’enregistrements sonores et vidéos, émanant d’une montre Apple de la victime, connectée au programme ICloud, et détaillant ce qui s’est passé à l’intérieur du consulat ce 2 octobre.
Ces médias, dont en particulier Yeni Safak et Sabah News ont depuis distillé eu compte-gouttes ces informations , citant des sources sécuritaires turques qui auraient consulté ces enregistrements, qui à aucun moment, n’ont été montrés au public, ni aucun responsable gouvernemental n’est intervenu officiellement pour en parler.
Même le président turc, Recep Tayyep Erdogan ne les a pas évoquées, lors de son discours mardi 23 octobre dernier.
Or, au fur et à mesure que leur contenu présumé était rendu public, les autorités saoudiennes, qui sont les seules qui savent ce qui s’est passé réellement, ont fini par admettre que M. Khashoggi a été tué dans leur consulat. Après avoir pendant plus de deux semaines prétendu qu’il était sorti de leur consulat. Mais elles ont pendant plusieurs jours avancé qu’il est mort accidentellement, lors d’une rixe, et donc involontairement.
Dans son discours M. Erdogan a rejeté ce récit et les 22 minutes sont venues l’étayer. Force est de constater que c’est après le retour de Mme Haspel aux Etats-Unis que le président américain a exprimé sa position la plus agacée, avançant que MBS peutavoir commandité le crime.
Aveu saoudien perturbé
Plus est-il que les Saoudiens aussi n’ont cette fois-ci pas tardé à changer leur récit: ce jeudi, le procureur général saoudien en charge de l’affaire a reconnu que les auteurs du crime avaient perpétré leur acte « avec préméditation ». Même si son verdict a été modifié sur la chaine de télévision officielle Al-Ikhbariyyat, pour attribuer l’accusation aux Turcs.
Cet aveu qui implique en toute évidence la culpabilité des exécutants du meurtre, épargne celle de son commanditaire. En l’occurrence le prince héritier Mohammad ben Salmane, qui était très critiqué dans les articles du journaliste tué, sur les pages du Washington Post.
Là aussi, dans son allocution, M. Erdogan a insisté sur la nécessité d’identifier et de condamner le réel commanditaire.
Les Turcs parviendront ils à pousser les Saoudiens à le reconnaitre? En détiennent-ils les pièces à conviction? C’est la dernière étape cruciale de cette affaire qui reste à élucider. Et la plus difficile aussi.
Source: Divers